Les militants islamistes de Boko Haram sont plus que jamais dans la ligne de mire des armées nigériane, tchadienne et camerounaise dans le nord-est du Nigeria. Bien qu'ils aient subi des pertes importantes, ils continuent de semer la terreur, comme en fait foi leur plus récente incursion, mercredi, au Cameroun voisin.
L'armée tchadienne affirme avoir tué plus de 200 combattants du groupe mardi à Gamboru et Ngala, deux villages situés au sud du lac Tchad, tout près de la frontière avec le Cameroun. Elle dit aussi avoir saisi des armes lourdes et une centaine de motocyclettes.
Dans un communiqué, l'armée tchadienne a indiqué que ses soldats ont été attaqués en sol camerounais, et qu'ils ont poursuivi leurs assaillants jusqu'au Nigeria, où ils les ont « anéantis ». Elle soutient que neuf de ses soldats ont perdu la vie.
Ces informations n'ont pu être vérifiées de source indépendante.
Le porte-parole de l'armée nigériane, Mike Omeri, a confirmé que Gamboru et Ngala ont été reprises aux islamistes, mais sans donner le moindre crédit aux forces tchadiennes.
Fotokol attaqué par les islamistes
Malgré l'« anéantissement » annoncé par l'armée tchadienne, la réplique de Boko Haram ne s'est pas fait attendre. Ses combattants ont attaqué mercredi matin le village camerounais de Fotokol, où ils ont été repoussés par les armées camerounaise et tchadienne, après avoir semé la mort et la destruction.
Un pont de 500 mètres sépare Fotokol de Gamboru. Et à partir de certains villages frontaliers nigérians situés près de Gamboru, il est possible d'entrer aisément à Fotokol.
« Quand les Tchadiens sont entrés (mardi) à Gamboru, les Boko Haram qui se trouvaient dans cette ville et dans certains villages ont contourné pour se retrouver ce matin à Fotokol. » — Source de sécurité du Cameroun
Selon une source de sécurité camerounaise, près de 70 civils et six militaires camerounais ont été tués dans cette attaque, tout comme de nombreux islamistes. « Les BH (Boko Haram) sont couchés partout », a indiqué cette source présente à Fotokol.
« Je connais au moins dix personnes qui ont été tuées. Il y a parmi elles deux de mes amis », affirme un habitant originaire du village qui s'est réfugié dans une autre localité de la région et qui a requis l'anonymat. « Ils ont égorgé des gens, dont le grand marabout de la mosquée. Ils ont brûlé des maisons et la grande mosquée ».
« Boko Haram a fait vraiment beaucoup de dégâts ici ce matin. Ils ont tué des dizaines de personnes, au moins 20 à la grande mosquée », a assuré un autre habitant, Umar Babakalli. « Dans une autre mosquée, aucun fidèle n'a pu s'échapper. »
Des soldats camerounais ont engagé le combat et ils ont été rejoints par les soldats tchadiens revenus du Nigeria. Ensemble, ils ont réussi à repousser les assaillants. Les combats ont duré plusieurs heures, selon le ministre camerounais de l'information, Issa Tchiroma.
Selon une source de sécurité camerounaise, le calme est revenu en milieu de matinée, de sorte que les gens sortent maintenant de chez eux pour constater les dégâts.
Bombardements près de la forêt de Sambissa
Par ailleurs, les armées de l'air nigériane et tchadienne bombardent depuis lundi des villages du nord-est du Nigeria considérés sous contrôle de Boko Haram. Cette offensive se déroule dans la région de la forêt de Sambissa, au sud de Maiduguri. La région est située à environ 150 kilomètres au sud-ouest des villes de Gambaru et Fotokol.
« La nuit, nous entendons le bruit des explosions au loin », a déclaré un résident de Madagali à Associated Press. « Nous étions tous terrifiés, mais certains soldats positionnés ici nous ont dit de ne pas nous inquiéter, qu'il s'agissait de bombardements dans la forêt de Sambissa. »
Ces opérations se déroulent alors que l'Union africaine est en voie de finaliser le mandat d'une force multinationale de 7500 hommes qui doit être déployée dans la région.
Les combats contre Boko Haram pourraient forcer le report des élections présidentielle et législative prévues pour le 14 février. Un responsable de la commission électorale, Amina Zachary, a déclaré à Reuters qu'une décision à ce sujet dépend de la distribution des cartes d'électeurs.
Selon elle, aucune décision n'a été prise pour le moment, la commission entendant faire le point sur le sujet le 8 février avant de prendre une décision. La sécurité est le thème principal de cette campagne électorale, où le président sortant Goodluck Jonathan affronte l'ex-dictateur Muhammadu Buhari.
Depuis environ six ans, les islamistes de Boko Haram sèment la terreur dans le nord-est du Nigeria. On lui attribue plus de 10 000 morts, des centaines d'enlèvements, des attentats en série et des destructions systématiques. les combats ont fait environ 1,5 million de déplacés.
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