Alors que les autorités américaines, qui enregistraient mardi leur premier cas d'infection au virus de l'Ebola, promettent d'endiguer rapidement la maladie, des pays d'Afrique de l'Ouest peinent depuis des mois à contenir l'épidémie et voient, impuissants, s'allonger la liste des morts.
C'est que la lutte contre le redoutable virus ne se fait pas à armes égales. Et c'est ce qu'a tenu à souligner mercredi le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors d'un discours à Washington.
« La bataille contre l'infection est un combat sur de nombreux fronts, avant tout pour les vies humaines et la santé. Mais c'est aussi une lutte contre l'inégalité », a-t-il dit.
Lui-même docteur spécialisé sur les maladies infectieuses, M. Kim a fait remarquer que la communauté internationale a « échoué à rendre accessibles [les infrastructures et le savoir-faire] dans des populations disposant de bas revenus en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone », principaux foyers de l'épidémie.
« Du coup, des milliers de personnes dans ces pays [d'Afrique de l'Ouest] meurent à présent du fait de la loterie de l'existence, parce qu'ils sont nés dans le mauvais endroit. » — Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim
Le président de la Banque mondiale regrette de voir se reproduire les mêmes erreurs commises lors de précédentes épidémies. Il a rappelé notamment les atermoiements des experts qui prédisaient une lutte difficile et coûteuse contre le sida qui ravageait l'Afrique.
Le coût de l'inaction
Pourtant, « l'infrastructure dont nous avons besoin (contre Ebola) n'est pas compliquée à construire et nous savons comment limiter la propagation du virus », a précisé le dirigeant de la grande institution financière, qui a déjà mobilisé 400 millions de dollars pour freiner l'épidémie.
Jim Yong Kim avertit que le coût de l'inaction pourrait se chiffrer en « dizaines de milliards de dollars ».
« Si nous ne stoppons pas Ebola, l'infection va continuer à s'étendre à d'autres pays et même à d'autres continents. » — Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim
Des milliers d'enfants orphelins
Regardez l'entrevue d'Anne-Marie Dussault avec le conseiller Andrew Brooks de l'UNICEF
Le conseiller Andrew Brooks de l'UNICEF, qui travaille avec les jeunes abandonnés en Afrique, explique que les enfants des victimes sont la plupart du temps rejetés par leur famille par crainte qu'ils soient aussi porteurs du virus.
L'Ebola a fait environ 3700 orphelins en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, selon l'UNICEF.
En entrevue à 24/60 sur ICI RDI, M. Brook a expliqué qu'il faut développer des infrastructures pour accueillir ces enfants et suivre leur état de santé puisqu'ils ont été en contact avec un parent infecté.
« L'aide des gouvernements est bénéfique, mais il faut en faire plus. » — Andrew Brooks de l'UNICEF
L'état des lieux
Dans son plus récent bilan communiqué aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de 3338 morts sur 7178 cas diagnostiqués en Afrique de l'Ouest.
L'OMS constate pour la deuxième semaine une baisse du nombre de nouveaux cas. Une tendance observée entre autres au Liberia, où la présidente Ellen Johnson Sirlea constate que l'épidémie d'Ebola montre des signes de stabilisation.
« Nous commençons à voir une stabilisation, même à Monrovia qui a été le plus lourdement touché, nous commençons à voir un ralentissement du nombre de gens se présentant dans les centres de soins », a-t-il affirmé à la chaîne de télévision France24.
Le Liberia compte à lui seul 3696 cas, dont 1998 morts.
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La Banque mondiale déplore les inégalités Nord-Sud dans la lutte contre l'Ebola
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