Ebola : après la guérison, la stigmatisation

Written By Unknown on Rabu, 22 Oktober 2014 | 16.05

Perdre ses proches à cause de l'Ebola : reportage de Sophie Langlois

À Conakry en Guinée, 60 % des malades de l'Ebola survivent au virus. Mais la stigmatisation qu'ils subissent une fois guéris est parfois pire que la maladie elle-même. Notre envoyée spéciale Sophie Langlois et le caméraman Frédéric Tremblay ont rencontré deux survivants de l'Ebola, dont Valentin, qui a perdu sept membres de sa famille.

Valentin vit depuis 12 ans à Conakry, où il a fait des études de droit. Il finissait son stage dans un cabinet d'avocats, en août, quand il a reçu un appel de sa mère, vivant en Guinée forestière. « Elle était déjà à l'agonie. Juste un mot : ''mon fils, je t'aime'', C'est tout ce qu'elle a pu me dire. Ma jumelle qui était à ses côtés a aussi été infectée avant même mon arrivée », raconte Valentin Zézé Giulavogui.

Il se précipite vers son village natal et tente désespérément de soigner sa sœur jumelle. Valentine meurt dans ses bras en moins d'une semaine. « Je ne savais pas que c'est là déjà, que ma petite famille était contaminée, ma femme Hélène, ma petite fille Mamelaine qui a un an et trois mois. »

Le Guinéen est hospitalisé au centre de traitement de l'Ebola de Médecins sans frontières (MSF) à Guéckedou avec sa femme, sa fille aînée et son jeune frère.

« Moi, je n'ai pris qu'une seule perfusion, ma femme en a pris jusqu'à huit, mais toujours elle était faible, elle vomissait, la diarrhée était là. Ma fille, la même chose. Après une semaine, le 24 au matin, ma fille Malérie qui meurt à mes côtés dans le lit. C'est un des grands chocs que j'aurai eus, parce que je l'ai beaucoup aimée, ma toute première fille. » — Valentin Zézé Giulavogui

Le lendemain, il reçoit son attestation prouvant qu'il est guéri de l'Ebola, mais il reste au centre pour tenter de sauver sa femme. « Toutes les nuits, j'étais à ses côtés, elle est tombée dans le coma durant trois jours, j'étais là pour lui donner à manger, à boire de l'eau, pour l'obliger à prendre les produits, ce qu'elle refusait de faire. »

Rien n'y fait, sa femme s'éteint aussi dans les bras de Valentin, un fervent catholique. « J'étais hypnotisé, j'étais plus que dépassé, je ne pouvais pas imaginer. La seule chose que j'ai pu faire, c'est croire en Dieu », dit-il.

« En tant qu'homme de foi, je me disais : ''la mort n'est qu'un passage de la vie pour le paradis. Si ma fille est partie, elle sera reçue au paradis par le seigneur Jésus Christ.'' C'était seulement de faire un signe de croix et de remercier Dieu. Bien sûr que je pleurais dans mon cœur en voyant le corps sortir dans leur sac de caoutchouc. C'était vraiment difficile. »

Et comment peut-on remercier Dieu à ce moment-là? « C'est à travers la foi. Tout ce qui se passe dans notre monde, c'est la volonté divine. »

L'aspirant avocat vit un autre choc quand il revient à Conakry. Au café qu'il fréquente tous les matins de sa vie depuis des années, ses amis le fuient.

« Le virus Ebola m'a fait souffrir, mais l'étape la plus dure c'est la stigmatisation. » — Valentin Zézé Giulavogui

« Alors quand j'arrive, tout le monde quitte les lieux : ''Oh, attention, lui, il est atteint de l'Ebola. On ne veut pas l'approcher''. Alors, j'ai fait une copie de cette attestation et je l'ai affichée. Les intellectuels ont compris », affirme Valentin. Pas tous les intellectuels. Valentin n'est pas retourné au cabinet d'avocats, où même ses amis sont stigmatisés. Pourtant, les malades guéris de l'Ebola ne sont plus contagieux, ils seraient même immunisés contre le virus pour 10 ans.

De malade à « sorcier »

Zorbo ne veut pas montrer son visage pour ne pas être agressé par des gens de son quartier qui l'accusent maintenant d'être un sorcier. Il a perdu son emploi au laboratoire où il a contracté le virus. Mais il a été embauché par MSF, comme une quinzaine d'autres survivants, pour remonter le moral des malades.

« On dit : ''Ebola, c'est le moral qui joue beaucoup''. Si tu perds le moral, tu deviens irrécupérable, c'est le moral qui joue beaucoup », pense-t-il.

En soignant des malades de l'Ebola, Zorbo guérit aussi ses plaies psychologiques. « Si tu arrives à sauver quelqu'un qui voulait mourir, même à sa sortie, tu le vois, il est toujours fier, tu deviens son ''Dieu'', il va dire c'est lui qui m'a sauvé. »

Quand on n'a que la foi

Valentin, lui, doit apprendre à vivre avec une culpabilité qui va le hanter toute sa vie. En soignant sa sœur jumelle, il a contaminé sa propre famille. « Elle était comme moi, c'était mon âme sœur, c'est ce qui m'a poussé à la garder jusqu'à ce qu'elle ait rendu l'âme dans mes bras. Non seulement je savais que j'étais dans le risque de contamination, mais cet amour exacerbé a fait que je ne pouvais même pas imaginer les conséquences ».

Valentin dit puiser sa force en Dieu. Quand il a pris sa sœur dans ses bras, il a cru que sa foi inébranlable et un système immunitaire jusque-là infaillible l'épargneraient.

« Si j'avais accepté d'admettre ma sœur jumelle Valentine à la Croix-Rouge, nous n'en serions pas là. Cette responsabilité, elle m'incombe. Je me sens touché, non seulement de l'avoir perdue, mais, à travers elle, d'avoir infecté les autres membres de la famille, que j'ai aussi perdus. » — Valentin Zézé Giulavogui

Ce malade guéri de l'Ebola continue de prier un Dieu qui lui a fait subir des épreuves inhumaines. Valentin est convaincu que ce sont les prières de ses amis paroissiens qui lui ont sauvé la vie.


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