Le reportage de Marie-Eve Bedard
Shaheen Danbar n'avait pas vu sa femme et son fils depuis deux mois. Le jeune homme est un combattant des YPG, ces unités de défense kurdes qui résistent à l'assaut du groupe armé État islamique (EI) dans la ville de Kobané en Syrie.
Il est arrivé en Turquie jeudi, pour faire une courte pause. L'horreur de ce qu'il a vu en plus d'un mois de combat l'accompagne. Il évoque plusieurs de ses frères d'armes décapités par les combattants de l'EI, des corps accrochés à des voitures et trainés dans les rues.
Il s'assoit parmi les siens, devant quelques modestes habitations qui semblent plus appropriées au bétail qu'à la vie de famille.
Des réfugiés de Kobane à Tionek, du côté turc de la frontière. Photo : Marie-Eve Bédard/Radio-Canada
Quelques dizaines des 400 réfugiés de Kobané sont venus rejoindre la centaine d'âmes qui habitent le village de Tionek en Turquie. Des femmes et des enfants surtout. Les hommes sont restés derrière pour se battre.
Parmi les enfants qui courent pieds nus, excités par la visite d'étrangers, Dilbirin et Ferman, deux jeunes frères. Ils ne recevront plus la visite de leur père. Il est mort en défendant Kobané.
Dilbirin a perdu son père qui se battait au sein des YPG. Photo : Ahmad Alhalabe/Radio-Canada
C'est pour eux et tous les autres que Shaheen va retourner au front ce soir.
« Vous voyez ces enfants? Ils sont maintenant forcés de vivre dans cette situation. Si je ne me bats pas contre l'EI, vont-ils le faire? Est-ce que des étrangers vont le faire? Si je ne me bats pas, alors qui? Je le fais pour ma ville et mon honneur. » — Shaheen Darman
Le bruit des explosions de l'autre côté de la frontière
Les explosions à Kobané, vues depuis Tionek. Photo : Reuters
Roza, son fils d'un an sur les genoux, dit timidement s'inquiéter de voir son jeune mari repartir. Mais elle est fière de Shaheen.
« Quand j'entends les sons des explosions, j'ai peur pour lui. Mais nous pouvons garder la tête haute parce qu'il combat. C'est parfois difficile pour mon fils et moi, mais il a le devoir de se battre. » — Roza, la femme de Shaheen
À quelques kilomètres du village de Tionek, on peut voir les explosions provoquées par les combats qui font rage. Shaheen reconnaît que les bombardements aériens des Américains et de la coalition ramènent un peu d'équilibre dans les affrontements.
Les avions de chasse ont attaqué plus d'une centaine de cibles de l'EI au cours de la dernière semaine. Kobané est l'endroit le plus visé par les frappes aériennes dans toute la Syrie et l'Irak.
Kalachnikovs contre chars d'assaut
La plupart des enfants de Kobané réfugiés à Tionek ont un père combattant. Photo : Ahmad Alhalabe/Radio-Canada
Mais dans un entretien téléphonique depuis Kobané, Ismet Hassan, un commandant du YPG, affirme que ces frappes ne suffisent pas. Les milices kurdes ont besoin de renforts, elles ont besoin d'armes.
« Le groupe armé État islamique s'est emparé de grandes villes comme Raqqa et Mossoul. Nous résistons depuis plus d'un mois à leur assaut, armés de kalachnikovs. Nous sommes limités alors qu'ils ont des chars d'assaut, de l'artillerie, des obus de mortier. » — Ismet Hassan, un commandant du YPG
Pour appuyer sa demande, il y va d'une promesse : « Si on nous fournit des armes lourdes, nous promettons au reste du monde que nous vaincrons rapidement. »
La Turquie montrée du doigt
Les chars d'assaut turcs massés le long de la frontière. Photo : Marie-Eve Bédard/Radio-Canada
La Turquie, dont les chars d'assaut sont stationnés, immobiles, à un jet de pierre de Kobané, refuse toujours d'intervenir ou d'ouvrir sa frontière avec la ville assiégée pour laisser passer des armes ou des combattants.
Un enfant fait le signe des YPG. Photo : Marie-Eve Bédard/Radio-Canada
Pour retourner se battre à Kobané, Shaheen a dû attendre la tombée du jour et passer la frontière clandestinement. Il croit que la Turquie refuse de leur venir en aide parce qu'ils sont Kurdes.
« Ne pourraient-ils pas nous donner un seul de leur char ? Ils le peuvent, mais refusent de le faire. » — Shaheen Darman
Le sort de Kobané demeure incertain. Le commandant Ismet Hassan concède que la victoire peut encore échapper à ses forces. Mais l'échec ne sera pas total, estime Shaheen. « Si Kobané devait tomber, les combattants kurdes auront au moins prouvé leur courage au reste du monde. Nous aurons résisté jusqu'à la dernière goutte de notre sang. »
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Du côté turc de la frontière, les ravages du siège de Kobané se font sentir
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