La crise qu'entraîne l'épidémie d'Ebola est telle que les Nations unies établissent une mission spéciale pour tenter de la résorber.
De son côté le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité, jeudi, une résolution déclarant l'épidémie « menace pour la santé et la sécurité internationale ».
Il y a d'abord le bilan établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui est alarmant en soi avec 2630 personnes décédées en Afrique de l'Ouest sur 5357 cas avérés. Et il y a ensuite toutes les conséquences aux plans sanitaire, humanitaire, social et économique, que la directrice générale de l'OMS, la Dre Margaret Chan, a décrites jeudi en des termes aussi clairs que saisissants, dans un texte remis à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'OMS est venue à bout d'autres épidémies par le passé, d'écrire la Dre Chan en substance, mais celle-ci est différente.
« C'est probablement le plus grand défi rencontré en temps de paix par l'ONU et ses agences. Nous, qui sommes expérimentés à contenir des épidémies, n'avons jamais vu, de notre vie, une situation d'urgence de cette ampleur, avec autant de souffrance, et avec cette magnitude de conséquences qui en découlent. » — Dre Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé
Et le temps presse, d'affirmer la DG de l'OMS, car dans les pays les plus touchés c'est-à-dire le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, le nombre exponentiel de cas menace d'amener les gouvernements desdits pays au seuil de la faillite.
L'OMS cite la Banque mondiale qui a lancé l'alerte plus tôt cette semaine concernant la catastrophe potentielle qui guette l'économie des pays touchés. La catastrophe prend diverses formes : dans une région pourtant très fertile du Liberia, par exemple, ce n'est pas le virus de l'Ebola, mais la faim qui est devenue la préoccupation majeure, puisque 170 fermiers et leur famille ont succombé au virus, et leurs terres sont désormais en jachère.
« Le déploiement de l'OMS en Afrique, et tout le personnel international qui l'accompagne, est sans précédent dans l'histoire de l'organisation. Tout [dans cette crise] est sans précédent. [...] Cela prendra du temps, mais cette épidémie peut être maîtrisée. » — Dre Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé
Les systèmes de santé de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone anéantis
Les autorités sanitaires enregistrent une expansion de l'épidémie en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L'OMS s'inquiète particulièrement de l'accroissement du nombre de cas rapportés dans la capitale du Liberia, Monrovia.
« L'épidémie est la plus vaste que le monde ait connue. Le nombre de cas double aux trois semaines. Bientôt, il y aura plus de cas dans le seul pays du Liberia que durant les quatre décennies de l'histoire de cette maladie. » — Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans une lettre remise au conseil de sécurité de l'ONU
Au Liberia, tout comme en Guinée et en Sierra Leone, les systèmes de santé sont anéantis. Résultat, au Liberia, par exemple, plus de gens meurent désormais de maladies curables et de conditions médicales communes que du virus de l'Ebola.
La Sierra Leone a entamé dans la nuit de jeudi à vendredi un confinement d'une ampleur sans précédent de sa population pendant trois jours. Dans le même temps, une campagne porte-à-porte géante est lancée pour ses six millions d'habitants.
Plus tôt cette semaine, les Nations unies ont établi à un milliard de dollars le coût en besoins urgents devant être comblés dans les six mois à venir. De nombreux États, dont le Canada, ont fait des contributions sous diverses formes.
Dans sa résolution, le Conseil de sécurité demande à la communauté internationale de fournir une aide d'urgence aux pays touchés et la levée des restrictions de déplacement décidées par certains pays en raison de l'épidémie. Des restrictions de déplacement qui contribuent à l'isolement des pays qui en font l'objet, déplore le conseil de sécurité de l'ONU.
En Guinée, le gouvernement rapporte que huit personnes ont été tuées lorsqu'une équipe chargée de former la population à la prévention de la fièvre Ebola a été attaquée dans un village du sud-est du pays. L'équipe était composée de membres de l'administration locale, de deux responsables médicaux, d'un religieux et de trois journalistes, a précisé le premier ministre Mohamed Saïd Fofana, qui n'a rien dit sur les motivations des assaillants.
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L'épidémie d'Ebola menace l'équilibre mondial, selon l'ONUet l'OMS
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