Le récit de Marie-Claude Dupont
Ariel Castro, qui a plaidé coupable pour la séquestration de trois Américaines dans sa maison de Cleveland pendant plus de dix ans, s'est défendu d'être un monstre, quelques minutes avant que le juge ne lui annonce sa peine : prison à vie sans possibilité de libération.
« Je suis dépendant à la pornographie, et je suis impulsif » a-t-il dit lors d'une audience destinée à fixer sa peine, mais « je ne suis pas un monstre ».
Après avoir nié avoir commis presque tous les crimes dont il est accusé et pour lesquels il a déjà plaidé coupable, il a demandé pardon à ses victimes et à leurs familles.
« Il y avait beaucoup d'harmonie [dans la maison]. » — Ariel Castro
Ariel Castro a indiqué plusieurs fois pendant son témoignage ne pas être une personne violente. « Je ne les ai jamais battues, je ne les ai jamais torturées », ajoute-t-il. Il a indiqué que selon lui, les relations sexuelles qui avaient cours dans la maison étaient « consensuelles ».
Le juge Michael Russo a rejeté l'affirmation d'Ariel Castro qui veut que les trois femmes aient vécu des vies heureuses à ses côtés.
« Je ne crois pas qu'il y ait qui que ce soit en Amérique qui soit d'accord avec vous », a dit le juge au ravisseur de 53 ans.
Ariel Castro a été inculpé notamment pour viol, enlèvement, séquestration et meurtre, en vertu de la loi sur les homicides intra-utérins, pour avoir frappé Michelle Knight alors qu'elle était enceinte et provoqué une fausse couche.
Onze ans d'enfer
Une de ses victimes, Michelle Knight, 32 ans, était présente à l'audience. Elle a pris la parole en tournant le dos à celui qui l'a retenue prisonnière pendant plus d'une décennie. Elle a brièvement décrit le cauchemar qu'elle a vécu, en retenant de nombreux sanglots.
« J'ai passé onze ans en enfer. Maintenant, c'est ton enfer à toi qui commence. » — Michelle Knight
« Je peux pardonner, mais je n'oublierai jamais », a-t-elle ajouté. « Personne n'a à subir ce que nous avons subi ».
Michelle Knight a fait l'éloge de sa « partenaire » Gina DeJesus, en disant qu'elle l'avait sauvée quand elle « se mourait en raison des agressions ».
Les autorités ont déjà indiqué que Michelle Knight, la première des trois femmes à avoir été kidnappée, était celle qui avait le plus souffert d'agressions physiques.
Les deux autres jeunes femmes, Amanda Berry, 27 ans, et Gina DeJesus, 23 ans, n'ont pas assisté à l'audience.
Les trois jeunes femmes avaient été enlevées dans la rue à des moments différents alors qu'elles avaient respectivement 20, 16 et 14 ans. Durant leur séquestration, elles ont été enchaînées, battues et violées à de très nombreuses reprises. Amanda Berry a également eu une petite fille, née en captivité et âgée de six ans au moment de leur libération, le 6 mai dernier. Des analyses ADN ont confirmé qu'Ariel Castro était bien son père.
Réplique de la maison
Une réplique de la maison d'Ariel Castro a été présentée devant la cour pour illustrer comment les femmes étaient isolées les unes des autres pendant leur captivité.
L'agent Andrew Burke, de la police fédérale américaine, a indiqué que la porte avant de la résidence était équipée d'un système d'alarme improvisé et que d'épais rideaux camouflaient une deuxième porte.
Les fenêtres avaient été placardées, la porte d'une chambre ne pouvait être ouverte que de l'extérieur et des chaînes ont été retrouvées dans certaines pièces.
La policière Barbara Johnson, du service de police de Cleveland, a été une des premières à pénétrer dans la maison après qu'une des captives eut réussi à appeler à l'aide. Elle a affirmé que les trois femmes étaient pâles et maigres. Elle raconte que Michelle Knight « s'est littéralement jetée dans leurs bras ».
L'urgentiste Gerald Maloney a aussi expliqué à la cour que les femmes étaient en état de panique quand elles sont arrivées à l'hôpital. Toutes ont décrit avoir été violées à de multiples reprises.
L'ancien chauffeur d'autobus de 53 ans avait plaidé coupable la semaine dernière de 937 chefs d'accusation, dont des accusations de meurtre, d'enlèvement et de viol.
Cette reconnaissance de culpabilité lui a permis d'échapper à la peine capitale.
« M. Castro accepte la pleine responsabilité de sa conduite », avait déclaré son avocat Craig Weintraub. Par cette reconnaissance de culpabilité, « nous voulons éviter de parler de tous les détails salaces. [...] C'est pour cette raison que nous avons accepté une peine de prison à vie sans remise de peine. [...] Nous avons pris cette décision dans l'intérêt des jeunes femmes et de la société ».
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«Je ne suis pas un monstre, je suis malade» - Ariel Castro
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